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Demey Sophie année 2012-‐2013
Histoire de l'art
1.Introduc:on
Cohérence chronologique et cadre visuel de l’art des 15e-‐19e siècles.
-‐
Chronologiquement, le cours se situe entre la fin du 14e siècle et parcourt le temps jusque la
fin du 19e siècle, c’est-‐à-‐dire les années 1900. Pra:quement, et nous verrons pourquoi, ceKe
par:e commence vers 1400-‐1410 et se termine en 1906, même si, ponctuellement, le cours
aborde des œuvres réalisées vers 1300-‐1320.
-‐
Dans ceKe chronologie, il faut percevoir un mouvement contradictoire. D’une part, aller du
15e au 19e siècle couvre une période immense. Le début de ceKe période est absolument
différent de sa fin, les contextes culturels, techniques, historiques, poli:ques et
géographiques changent résolument. Or, de manière étonnante, au niveau esthé:que, ceKe
période se singularise par une forme de cohérence. Laquelle ?
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Mimésis, scénographie, narra:on.
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Le premier style associé à l’art du 19e siècle, le Néo-‐Classicisme, débute vers 1770.
Formellement, la peinture néo-‐classique repose encore sur un modèle vieux de plus de 350 ans, à
savoir que la manière de peindre, de représenter, de res:tuer les formes dans un espace respecte
une tradi:on héritée de la Renaissance italienne, au 15e siècle si je remonte dans le temps à
travers ceKe œuvre, on perçoit bien que l’art des 15e-‐19e siècle est régi par une unité formelle,
alors que si l’on compare ceKe produc:on avec une pierre viking, on sort de ceKe logique).
Jacques-‐Louis David, Le Serment des Horaces, Nicolas Poussin, Le Jugement de
18ème (néoclassicisme) Salomon , 17ème (classicisme)
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Demey Sophie année 2012-‐2013
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Masaccio, Le paiement du tribut, 15ème siècle (Renaissance)
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pierre viking , Pierre de Vang, 11ème siècle
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2009, Florence Masaccio, Saint Pierre guérit les malades avec son ombre
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Avec un peu d’humour, on pourrait dire que le 19e siècle, en peinture, commence vers 1420 dans les
rues de Florence (Italie), berceau de la Renaissance italienne. Entre une œuvre du 15e siècle italien et
une peinture française de 1800, les principes de composi:on sont assez semblables, même si,
pendant ce laps de temps, les styles ont fortement évolué.
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L’inven:on majeure de la Renaissance est la représenta:on mimé:que sur base d’un
emploi systéma:que de la perspec:ve. Par mimésis, on entend que, depuis ceKe époque, l’art
veut donner une image fidèle de la réalité : on veut reproduire la réalité telle que l'oeil humain la
perçoit. Or la représenta:on vériste de la réalité n’est pas une évidence. En effet, de nombreuses
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Demey Sophie année 2012-‐2013
cultures ne proposent pas un art qui imite la réalité. C'est une tradi:on occidentale qui n'est pas
partagée par d'autres civilisa:ons comme l'art arabe par exemple qui est abstrait.
Ce système (mimésis) est basé sur la perspec:ve. Celle-‐ci consiste, sur un tableau à deux
dimensions, à donner l’illusion de la profondeur en situant les volumes dans l’espace. La
perspec:ve ne fait que reproduire des règles d’op:que de la vision humaine : un homme situé à
cent mètres nous apparaît forcément plus pe:t qu’un homme qui se trouve à deux mètres de
distance, les lignes de bordure d’une route semblent converger sur l’horizon en un point unique.
La perspec:ve va être scien:fique et systéma:sée à par:r de la Renaissance. Au Moyen-‐
Age, on ne représentait pas la réalité de ceKe façon. Le Moyen-‐Age est marqué par
l’omniprésence de la religion chré:enne qui impose une vision théocentrique de l’univers. Sur
une page de manuscrit gothique, par exemple, on verra que Dieu est représenté « en plus
grand » que les hommes parce qu’il est « plus important » qu’un simple mortel ; le canon des
personnages ne dépend pas de sa situa:on dans le monde mais bien de sa situa:on au regard de
Dieu.
Au Moyen-‐âge, la représenta:on est donc basée sur les conven:ons (surtout religieuses,
théologiques), alors qu’à la Renaissance, l’art tente de s’accorder à la réalité de vision.
GIOTTO (début du changement)
On peut voir une première représenta:on de ceKe évolu:on dans les fresques peintes par GioKo
pour l’église supérieure d’Assise, vers 1300, puis en 1317 dans les fresques des chapelles Bardi et
Peruzzi de Sainte Croix à Florence. Le thème iconographique est la légende de Saint François. Le
thème peut sembler anodin, mais il représente un changement dans les mentalités. Saint François, en
effet, est un saint « moderne », encore vivant dans les esprits à ceKe époque. GioKo entend, par ses
fresques, lui donner un cycle légendaire, comme on l’avait fait pour le Christ. Le but du peintre n’est
donc pas de représenter une « vieille » légende, mais bien une « histoire » presque contemporaine.
GioKo ne représente pas des lieux révélés, mais exprime le sen:ment du religieux à travers l’homme
moderne, ce qui explique que les situa:ons sont évoquées avec vérisme dans un cadre contemporain
où les lieux parlent aux gens ( paysages et églises d'époque).
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L’art du 19e siècle est le fruit de ceKe tradi:on en ce sens qu’il vise toujours à la
représenta:on mimé:que et qu’il u:lise, à ceKe fin, tous les systèmes inventés à la Renaissance :
-‐> perspec:ve géométrique ou linéaire
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Demey Sophie année 2012-‐2013
(Mariage de la Vierge, Raphael, 1504, Milan )
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-‐> perspec:ve atmosphérique : moins par le dessin et la géométrie
mais plus par la facture de l'auteur (La Vierge, l’Enfant Jésus et Sainte-‐Anne, Léonard de Vinci,
1510, musée du Louvre). Camaïeu bleu-‐gris, il crée la technique du Sfumato (< enfumer) : formes
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beaucoup plus vaporeuses, tremblantes et aKénuées dans leurs couleurs.
-‐> le clair-‐obscur : contraste d'opposi:on entre la clarté et l'obscurité (La conversion de saint-‐Paul,
Caravage,1600, Santa Maria del Popolo )
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Au 19e siècle, l’art n’est pas basé sur l’innova:on permanente, ce qui caractérise le rapport
moderne à l’œuvre (fin du 19e siècle – 20e siècle), mais plutôt sur une tradi:on qui a valeur
d’exemple. Quand bien même il innove stylis:quement, un peintre académique du 19e siècle
cherche avant tout à se hisser à la hauteur de la tradi:on, ce qui explique, par exemple, que les
ar:stes néo-‐classiques cherchaient à imiter l’art an:que ou ancien : comparaison Véronèse, Les
noces de Cana , Les romains de la décadence, 1847,
1563, Louvre, œuvre maniériste musée d'Orsay, Couture.
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Par conséquent, les caractéris:ques structurelles de la peinture au début du 19e siècle sont
d’applica:on générale. On pourrait les résumer comme suit :
i.
MIMESIS : les techniques u:lisées permeKent de donner à la représenta:on
« l’illusion » de la réalité.
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Demey Sophie année 2012-‐2013
ii. SCENOGRAPHIE : comme dans un théâtre, l’image est « mise en scène » pour faciliter
la lecture (structure de la composi:on, éclairage…).
iii. NARRATION : le tableau n’est pas gratuit, il « raconte » une histoire, :rée d’un texte,
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d’une légende, de la mythologie, etc. Image = texte visuel.
1.
L a
R e n a i s s a n c e
(1300/1400-‐1600)
!
La Renaissance est un phénomène culturel qui explique le changement de concep:on de
l’image à la fin du Moyen-‐Age. Le mot Renaissance est inventé au 19e siècle par Jules
Michelet. Le terme est probléma:que, car il est basé sur une vision néga:ve du Moyen-‐Age.
Par ailleurs, la Renaissance n’est pas un phénomène homogène, elle arrive très
progressivement et ne supprime pas les arts médiévaux pour autant. Le gothique perdure
longtemps en Angleterre, peu touchée par la Renaissance ; le Maniérisme dure jusqu’en 1620
en Espagne alors que Caravage le met à mal vers 1595 en Italie.
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DOME DE MILAN
L’œuvre montre un gothique flamboyant alors qu’il est édifié pendant les 14e, 15 et 16e
siècles.
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Comment expliquer ceKe ouverture intellectuelle et culturelle véhiculée par
l’Humanisme ?
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➢ Des raisons historiques
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i. L a c h u t e d e
C o n sta n: n o p l e e n
1453. La pression des
Turcs « rétrécit »
l’Europe et coupe des
voies commerciales.
ii. L e s
h o m m e s
développent donc de
nouvelles poli:ques
d e
v o y a g e s
débouchant sur de
n o u v e l l e s
d é c o u v e r t e s .
D é c o u v e r t e d u
« Nouveau Monde »
p a r C h r i s t o p h e
Colomb en 1492.
➢ Des raisons religieuses
iii.La Renaissance voit
a p p a r a î t r e l e s
schismes religieux au
sein de la chré:enté
qui font vaciller l’assise
d e l a r e l i g i o n
catholique. Dans la
première moi:é du
16e siècle, la Réforme
e n g e n d r e
l e
p r o t e s t a n : s m e ;
C a l v i n c r é e l e
calvinisme, Luther le
l u t h é r i a n i s m e ;
en 1534, l’Angleterre
se sépare de Rome
donnant naissance à
l’anglicanisme.
iv.I l e n ré s u l te q u e
l’homme ne se voit
p l u s c o m m e u n e
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Demey Sophie année 2012-‐2013
créature en:èrement
soumise à Dieu et au
pouvoir d’une église
toute puissante. Il
possède sa propre
autonomie d’ac:on et
de pensée et peut
mesurer sa place, son
rôle, sa posi:on dans
son environnement.
C’est d’ailleurs à ceKe
époque que l’homme
v a c h e r c h e r à
« mesurer » le réel, en
inventant notamment
la mesure du temps
(apport de Galilée) ;
auparavant, le temps
était réglé par la
l i t u r g i e . L’ h o m m e
cherche à comprendre
s a
s i t u a : o n
« logique » dans le
monde.
Les oeuvres:
HANS HOLBEIN LE JEUNE, LES AMBASSADEURS,1533, Londres
Dieu et la mort sont là, mais cachés. La perspec:ve est cohérente, l’espace est mimé:que. La
tête de mort se base sur un jeu perspec:f, l’anamorphose (memento mori). L’œuvre représente
deux ambassadeurs de François 1er montrés comme des intellectuels, des hommes éclairés : ils
ont à leur portée des instruments scien:fiques, ainsi qu’un texte de Luther qui montre une
ouverture à la Réforme.
!
➢ Des raisons intellectuelles.
v. L’époque est marquée
par un phénomène
lourd, la découverte
de l’An:quité. A côté
des textes sacrés, la
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pensée se nourrit
également des auteurs
grecs et romains.
vi.C e g o û t p o u r
l’An:quité va rebondir
au 18e siècle avec les
fouilles de Pompéi et
d’Herculanum, puis,
d a n s l a p é r i o d e
contemporaine, avec
le Néo-‐Classicisme à la
fin du 18e et au début
du 19e siècle.
!
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!
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HERMAN POSTHUMUS, paysage avec ruines an:ques, 1536,Vaduz
Le paysage, ici, c’est l’An:quité. La vision est assez fidèle à l’époque : les
sites an:ques n’étaient pas ou peu fouillés, ils étaient à la fois cachés à la
vue et visibles puisque des par:es d’architectures émergeaient dans le
paysage. Mais ce sont des ruines, des morceaux cassés, une syntaxe à
u:liser pour créer une langue, qui n’est pas seulement copie (un pe:t
personnage mesure une œuvre avec un compas), mais une vraie créa:on
à par:r d’un vocabulaire connu.
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Le PRIMATICE, Ariane couchée, Versailles, 1543
L’inspira:on de l’An:que n’est pas une copie servile,dialogue, échange
entre l'an:quité et la Renaissance. Prima:ce moule l’Ariane du Belvédère,
mais en remontant les moules il change la posi:on pour donner une ligne
maniériste à ceKe œuvre déjà marquée par la sensualité de l’art
hellénis:que.
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Très vite, le modèle humaniste de la Renaissance va se diffuser à travers l’Europe.
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vii.En Italie, cons:tuée
de cités-‐états, les
cours rivalisent de
pres:ge ; l’art est l’un
d e s s u p p o r t s
privilégiés de ceKe
émula:on. En Italie,
les villes sont en
c o m p é : : o n . L e s
princes, les Este à
Ferrare, les Sforza à
Milan, les Médicis à
Florence, s’entourent
d ’ h u m a n i s t e s , d e
peintres, d’ar:stes,
p o u r m o n t r e r a u
monde leur fortune et
l e u r g o û t . C e K e
d y n a m i q u e d e
commande explique
l’intense créa:on tant
dans l’architecture, la
peinture, la sculpture.
!
PALAZZO MEDICIS-‐RICCARDI, Florence,1444-‐-‐1460
BENOZZO GOZZOLI, L’ADORATION DES MAGES,1440-‐1441, chapelle privée des Médicis.
Il s’agit d’un palais de pres:ge, mais qui veut également montrer la puissance des Médicis (bossages
au premier niveau). Les Médicis sont des banquiers qui sont les témoins de ce nouveau pouvoir du
commerce. Leur fortune leur permet d’u:liser l’art comme ou:l de dis:nc:on sociale. Les Médicis
osent se représenter à la suite des rois mages (chapeaux rouges).
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Histoire de l'art 2e me quadri (Clerbois).pdf (PDF, 447.76 KB)
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